La derniere cuite (la última curda, en francés)

Letra de Cátulo Castillo
Música de Aníbal Carmelo Troilo
Traducción Henry Deluy (Tango, une anthologie, ed POL, Paris 1988.

Pitié, bandonéon, mon coeur
ne supporte plus ta rauque malédiction;
ta larme de rhum
m’enfonce au plus profond du trou
d’où monte la boue.
Je sais, ne me dit rien,
tu as raison,
la vie est une blessure absurde
et tout, tout est tellement rapide
que ce n’est qu’une cuite, rien de plus,
ma confessión.

Raconte-moi tes peines,
parle-moi de tes échecs,
tu ne vois pas la douleur qui m’a blessé,
parle-moi, simplement, de cet amour absent
derrière un morceau d’oubli.
Je sais qu’il te rend triste,
je sais qu’il te fait mal,
tu as pleuré mon serment d’ivrogne
mais c’est le vieil amour
qui tremble bandonéon.
Il cherche dans l’alcool qui abrutit
La cuite que tout au bout
Termine le spectacle
et recouvre le coeur d’un rideau.
Un peu de souvenir, et sans plaisir
ton grognement maladroit s’égrène;
ta liqueur étourdit
et balance
la violence d’un gaucho
á la culbute de la dernière cuite.
Ferme la fenêtre
Le soleil brûle
Son lent escargot de rêve
Tu ne vois pas que je viens d’un pays
d’oubli ou tout est toujours gris
au travers de l’alcool.